Togo/Affaire « Tigre Révolution » : Adam Rachidou, victime d’une accusation injuste dans un climat de répression
Togo/Affaire « Tigre Révolution » : Adam Rachidou, victime d’une accusation injuste dans un climat de répression
L’affaire “Tigre Révolution”, qui a secoué le Togo en 2019, refait surface, soulevant de vives interrogations sur les pratiques répressives du régime togolais. Ce groupe, accusé d’avoir orchestré des attaques violentes contre les forces de l’ordre à Lomé et Sokodé, a servi de prétexte à une intensification de la répression politique. Aujourd’hui, Adam Rachidou, porte-parole des jeunes du Parti National Panafricain (PNP) à Sagbado, figure parmi les suspects désignés, sans qu’aucune preuve tangible n’ait été fournie. Cette nouvelle accusation illustre une stratégie récurrente du régime : museler toute voix dissidente par des accusations arbitraires.
Une tragédie familiale au cœur de la lutte démocratique
Adam Rachidou n’en est pas à sa première confrontation avec la violence d’État. En 1990, son père, militant pour le changement démocratique, participait à une manifestation historique à Lomé, marquant le début d’une contestation populaire contre le régime de Gnassingbé Eyadéma. Cet engagement politique a coûté la vie à son père, brutalement battu par des militaires dans son atelier avant de succomber à ses blessures une semaine plus tard.
Après ce drame, la famille d’Adam est devenue une cible permanente. Trois ans plus tard, en 1993, sa mère a été empoisonnée dans des circonstances suspectes, laissant Adam, alors âgé de six ans, et ses trois frères orphelins. Harcelés, menacés, les quatre enfants ont grandi dans une insécurité permanente, constamment surveillés par les milices du régime.
Malgré ce contexte hostile, Adam Rachidou a choisi de poursuivre le combat de ses parents. En 2014, il a rejoint le PNP, un parti qui milite pour des réformes démocratiques, la justice sociale et le respect des droits humains.
Le PNP : un parti sous pression constante
Le PNP, dirigé par Tikpi Atchadam, a été la cible privilégiée du régime en raison de sa capacité à mobiliser les masses. Le 19 août 2017, le PNP a organisé des manifestations d’envergure pour réclamer des réformes institutionnelles et constitutionnelles. La réponse du gouvernement a été brutale, faisant de nombreuses victimes parmi les manifestants. Cette mobilisation a conduit à la création de la coalition C14, regroupant 13 partis politiques, mais des désaccords internes ont rapidement émergé. Le PNP, isolé, a continué à subir seul les représailles.
En avril 2019, lors d’une manifestation pacifique à laquelle Adam Rachidou a participé, il a été arrêté, sévèrement battu et menacé de mort.
> « J’ai été arrêté, battu. Ils m’ont laissé pour mort avec des avertissements clairs : si je manifestais à nouveau, je ne survivrais pas. »
Une répression qui ne faiblit pas
L’affaire “Tigre Révolution” sert de prétexte à une vague d’arrestations arbitraires. Adam Rachidou, accusé à tort d’être lié à ce groupe, voit sa situation se détériorer davantage. Sa sécurité n’étant plus garantie, il est contraint de fuir le pays en quête d’un refuge.
> « Mes frères et moi sommes à bout de souffle. Nous avons été harcelés, menacés et poursuivis. Je dois quitter mon pays pour sauver ma vie », témoigne-t-il.
Un régime marqué par la violence et la répression
Cette situation s’inscrit dans un schéma plus large de répression systématique au Togo. Depuis des décennies, le régime utilise la violence, les intimidations et les arrestations arbitraires pour maintenir son pouvoir. Les figures de l’opposition sont régulièrement ciblées :
Tikpi Atchadam, leader du PNP, vit en exil depuis octobre 2017 après avoir reçu des menaces de mort.
Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition, a été la cible de pressions et de menaces en 2018.
Agbéyomé Kodjo, candidat à la présidentielle de 2020, a été poussé à l’exil après avoir contesté les résultats.
Ferdinand Ayité et Joël Egah, journalistes indépendants, ont été emprisonnés pour leurs critiques envers le régime. Joël Egah est décédé en mars 2022 peu après leur libération dans des circonstances troubles.
Brigitte Adjamagbo-Johnson, porte-parole de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), a été arrêtée en 2020.Ces exemples illustrent un climat de peur et d’intimidation qui touche toutes les sphères de la société civile.
Un appel à la communauté internationale
Le cas d’Adam Rachidou révèle une fois de plus les dérives autoritaires du régime togolais. Alors que des dizaines de militants politiques croupissent en prison sans jugement, la communauté internationale est appelée à réagir. Le silence face à ces abus ne ferait que renforcer l’impunité.
« Le Togo mérite une véritable démocratie, où les citoyens peuvent s’exprimer sans craindre pour leur vie. Mon combat, comme celui de tant d’autres, est pour un avenir meilleur », conclut Adam Rachidou.
La solidarité nationale et internationale est cruciale pour dénoncer ces pratiques et exiger une justice équitable. L’histoire d’Adam Rachidou est un rappel poignant des sacrifices consentis par ceux qui luttent pour la liberté et la dignité humaine au Togo.