ENQUÊTE : « Lakurawa », un nouveau groupe terroriste naît et menace…
Des origines troubles à la radicalisation avec Lakurawa
(Alerte24, 22/10/2025) Lakurawa, c’est la nouvelle organisation qui menace et déstabilise la zone des trois frontières entre le Bénin, le Niger et le Nigéria. La région des trois frontières, entre le nord-est du Bénin, le sud-ouest du Niger et le nord-ouest du Nigéria, vit sous une tension croissante. Déjà fragilisée par les incursions du Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) et de l’État islamique au Sahel (ISSP), elle doit désormais composer avec une nouvelle menace : le groupe armé Lakurawa. Né comme une milice d’autodéfense, ce groupe s’est progressivement transformé en une organisation violente, mêlant banditisme, radicalisme et contrôle territorial.
Le 8 novembre 2024, la ville nigériane de Birnin-Kebbi a été frappée par une attaque sanglante, coûtant la vie à 17 civils. Ce drame, déclenché par une tentative de vol de bétail, a mis en lumière la dangerosité du groupe Lakurawa, dont les activités étaient jusqu’alors peu médiatisées. Les autorités locales avaient pourtant lancé des avertissements quelques jours auparavant, alertant sur la montée en puissance de ce réseau criminel structuré et bien armé.

Des origines troubles à la radicalisation avec Lakurawa
Le mot Lakurawa, qui signifie « recrues » en haoussa, renvoie à la genèse d’un groupe formé à la fin des années 1990, probablement au Niger. Composé au départ de bergers maliens et nigériens, il prétendait protéger les communautés peules contre les attaques de bandits. Mais cette vocation initiale a rapidement dérivé vers une logique d’imposition de la charia, de perception forcée de la zakat (aumône islamique) et d’exactions contre les civils.
Selon les rapports sécuritaires, Lakurawa aurait une base arrière au Niger, ce qui lui permet d’opérer librement entre les trois pays. Ses membres multiplient les raids transfrontaliers, le vol de bétail — plus de 3 500 têtes en huit mois —, ainsi que les extorsions auprès de commerçants et d’agences de transfert d’argent, récoltant parfois plus de 20 millions de nairas.
Un groupe à la croisée du banditisme et du jihadisme
Si Lakurawa ne revendique pas ouvertement une appartenance à une organisation jihadiste, son mode opératoire et sa rhétorique religieuse rappellent ceux des groupes affiliés au JNIM et à l’État islamique. Il évolue dans une zone déjà convoitée par les deux mouvances, exploitant le chaos sécuritaire pour étendre son influence. Des affrontements internes liés à des détournements de fonds auraient d’ailleurs accentué sa radicalisation et sa violence en 2024.
Un danger régional qui appelle à une réponse commune
Lakurawa incarne aujourd’hui le nouveau visage du terrorisme hybride en Afrique de l’Ouest : un mélange de criminalité économique, de radicalisation idéologique et de violence communautaire. Face à cette dynamique inquiétante, une coopération étroite entre le Bénin, le Niger et le Nigéria devient indispensable. Le partage de renseignements, la coordination militaire et le soutien aux communautés locales apparaissent comme les seules voies pour endiguer cette menace.
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À défaut d’une action concertée, la région des trois frontières risque de se transformer en un nouvel épicentre du jihadisme ouest-africain, où banditisme et extrémisme religieux se nourrissent mutuellement, menaçant la stabilité de toute la sous-région.
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