Interview / Serge AKAKPO : « Pour moi, c’est un mystère… je trouve cela anormal »
Serge AKAKPO : "On peut ne pas gagner tous les matchs..."

Le Manager Général des Éperviers du Togo Serge Akakpo revient sur l’élimination du Togo pour la prochaine CAN Maroc 2025, son boulot de Manager Général et ses perspectives. Dans une Interview accordée la cellule de communication de la Fédération Togolaise de Football (FTF). Lisez.
Comment avez-vous vécu l’élimination du Togo pour la CAN 2025 ?
Serge Akakpo : Cela a été très difficile pour moi, je me suis un peu replié sur moi-même, mon état d’âme était même comparable à une légère dépression. Ce qui me reste en travers de la gorge, c’est surtout le fait que nous n’ayons pris qu’un seul point contre le Libéria en deux matchs. Pour moi, c’est un mystère… Certes, il n’y a plus de petites équipes sur le continent, mais avec l’effectif que nous avons, je trouve cela anormal.
On dit souvent qu’il faut être humble dans la victoire et digne dans la défaite, mais mis à part le match retour contre l’Algérie, je n’ai vu aucune dignité dans l’attitude générale.

Au lendemain de la double confrontation contre l’Algérie, j’ai reçu un coup dur, et cela a d’ailleurs impacté mon anniversaire, le 15 octobre dernier. J’ai passé ce jour important dans la désolation, en repensant aux (6-1) encaissés en 4 jours.
Pour être sincère, je n’ai pas encore totalement digéré l’élimination. De nature, je suis un très mauvais perdant, je n’aime pas la défaite, et c’est ce qui me définit, me caractérise, et me permet de me surpasser.
Certes, d’un côté, je me dis que cet épisode renforcera notre capacité à transformer une épreuve en un point de départ pour l’amélioration. Mais en définitive, cette qualification était à notre portée sur plusieurs aspects, vu le travail réalisé en 3 ans, mais hélas…
Quelles étaient vos perceptions et vos ambitions en arrivant comme Manager Général de l’équipe nationale ?
Serge Akakpo : Comme tout togolais, et ancien international, après ma carrière, j’avais la volonté de contribuer de manière significative au développement du football national. Je le considère comme un devoir citoyen envers les nouvelles générations.
Lors de ma prise de fonction, il a fallu faire un état des lieux, et à cet effet, j’ai effectué un diagnostic poussé sur notre équipe nationale.
Certes, elle manquait de qualité et d’épaisseur d’effectif, il y avait beaucoup de choses à améliorer, notamment sur les attitudes et le caractère. Le retour de ROMAO en équipe nationale en octobre 2021 faisait d’ailleurs suite à cette réflexion.

Mais selon moi, le véritable problème ne résidait pas dans l’équipe fanion, elle n’est que le reflet du manque de politique sportive à l’échelle nationale, autrement dit de notre formation.
Je profite de cette occasion pour dire qu’au-delà de mon diplôme d’entraîneur UEFA A, j’ai également validé un diplôme de directeur technique, ce qui me permet d’avoir une analyse plus rigoureuse sur la formation et les méthodes de travail.
Dans mon esprit, c’était simple : il fallait rendre le Togo à nouveau compétitif, attractif et fiable. Mon ambition était d’apporter ma pierre à l’édifice en offrant un environnement sécurisé et favorable au bien-être des joueurs. Aujourd’hui, ce n’est plus le joueur seul qui compte. Derrière lui, il y a tout un entourage.
Dans cette perspective, nous avons mené un travail minutieux pour rechercher un équilibre à moyen terme avec le projet U23, afin de créer une antichambre pour l’équipe A et pallier le manque de joueurs qualitatifs.
Il y a également eu un travail de suivi quotidien pour pousser les joueurs à être performants en club, afin de répondre aux normes internationales.
Quelles sont les unités de mesure de votre travail sur le plan sportif ?
Serge Akakpo : Tout d’abord, il s’agit d’avoir un groupe discipliné, faisant preuve de patriotisme, et, par ricochet, une équipe performante qui démontre une identité de jeu et du caractère lors des matchs. Je ne parle pas de résultats, mais bien de performance. En général quand les performances de haut niveau se répètent, les résultats finissent par suivre…
Lors des rassemblements, je fais énormément d’entretiens individuels ou en petits groupes avec les joueurs. Il est important qu’ils entendent un autre son de cloche que celui du coach.
Je peux dire qu’un cadre vertueux a été mis en place au sein de l’équipe nationale, avec une discipline interne très rigoureuse, mais aussi participative.
Mon travail peut également se mesurer à travers les performances en club, car je joue aussi parfois un rôle de conseiller sur certains choix et j’effectue un suivi quotidien avec des retours sur les attitudes après les matchs.
L’objectif est d’avoir des joueurs qui évoluent bien dans leurs clubs, avec le même état d’esprit qu’en équipe nationale, afin que le niveau d’exigence international soit instauré dans leur esprit et devienne la norme.

Dans l’ensemble, je dirais que cela a fonctionné. L’illustration parfaite est l’état de forme des joueurs togolais à la fin de la saison 2023/2024. Je ne me souviens pas d’une saison où autant de joueurs togolais étaient en première ligne dans leurs différents championnats et compétitions.
Kevin Denkey en est un exemple parfait. Il fut un temps où le coach Duarte ne voulait plus du tout le convoquer en équipe nationale.
À ce moment-là, malgré ses qualités, il n’avait pas la bonne attitude et ne répondait pas aux critères d’un joueur international. Il a fallu qu’on fasse un travail de fond avec lui pour qu’il évolue dans sa perception, dans son auto-critique, et que cela corresponde davantage à la réalité. Un premier déclic a eu lieu entre octobre 2022 et février 2023, puis un second très important entre juin 2023 et septembre 2023. La suite, on la connaît…
Cependant, lors des rassemblements, mon travail sur le plan sportif s’arrête dès que l’arbitre siffle le début du match.
Quels sont les principaux manques de cette équipe ?
Serge Akakpo : Il nous manque de la maturité à certains moments du match, mais pour faire court il nous manque surtout du ROMAO ! C’est-à-dire du caractère ! Du caractère ! Et encore du caractère !
Je tiens à dire fondamentalement qu’actuellement, il n’y a aucun problème d’organisation, administratif, logistique ou de primes impayées. Aucun élément extérieur qui puisse perturber la concentration et la performance des joueurs. Nos autorités et dirigeants sont à féliciter sur cet aspect.
Ensuite, je pense qu’à l’heure actuelle, contrairement à certaines périodes, le Togo n’a pas réellement de problème d’effectif. Nous avons plutôt un problème d’attitude, de conscience et de détermination, ce qui mène à une inefficacité cruelle.
Pour gagner des matchs internationaux, il faut dépasser le cap des 100 %. Il faut être à 110, voire 120 %, sinon, au mieux, vous faites match nul.
Techniquement, cette équipe a de la qualité, mais collectivement, nos joueurs ne s’organisent pas assez, ne se challengent pas pour aller chercher les victoires.
Bien sûr, en tant qu’encadrants, nous pouvons le faire, mais à un moment donné, c’est aussi aux principaux acteurs de prendre leur destin en main. Il nous faut des leaders de jeu pour pousser toute l’équipe à se surpasser.
Certains critères font la force d’une équipe nationale : avoir des joueurs compétitifs et de haut niveau, qui ont des objectifs personnels et une conscience collective. Nous pouvons citer l’exemple du Maroc, du Sénégal ou de la RDC, qui incarnent bien ces critères.
Aujourd’hui, nous avons quelques joueurs qui cochent toutes ces cases. Ils symbolisent un peu ce nouveau cycle. Mais nous n’en avons pas assez.
De plus, plusieurs de nos joueurs sont déjà trentenaires ou le deviendront en 2025. Il est donc crucial de penser à renforcer progressivement l’équipe avec de jeunes joueurs afin de créer une transition harmonieuse.
C’était d’ailleurs l’objectif du projet U23 avec des jeunes à fort potentiel comme DERMANE, BOMA ou AZIANGBE, qui se sont désormais installés en équipe A.
Justement, êtes-vous satisfait du projet U23 tel qu’il se développe aujourd’hui ?
Serge Akakpo : D’emblée, je tiens à dire que nous avons l’une des plus belles générations de U23 en Afrique, et c’est un fait.
Avant les éliminatoires de la CAN U23, j’avais visionné les matchs de toutes les nations sur le continent et, à part le Sénégal, le Maroc et l’Égypte, qui pouvaient nous poser problème, nous pouvions être au-dessus du reste. J’en avais informé le coach U23 de l’époque, Afizou Traoré.
Sportivement, au-delà de créer une antichambre pour l’équipe A et de susciter la fibre patriotique chez les binationaux assez tôt, ce projet était aussi une manière de mettre en valeur nos meilleurs jeunes joueurs locaux, comme ce fut le cas pour Benjamin HOLETE ou Bruno AVOTOR.
Mais, à la question de savoir si je suis satisfait de la façon dont le projet se développe aujourd’hui, je dirais non, pas du tout, car il n’y a plus eu d’évolution depuis mars 2023.
Si je suis globalement satisfait du projet ? Oui et non. Oui, car malgré le peu de rassemblements et le temps limité de travail depuis le début du projet en mars 2022, nous avons pu faire émerger quelques talents, aujourd’hui en équipe A. Il s’agit de Steven MENSAH, Sadik FOFANA, Benjamin HOLETE, Kevin BOMA, Kodjo AZIANGBE, Karim DERMANE. D’autres, qui ne sont pas encore en équipe A, commencent à émerger en équipe première en club. Je pense à : Steven NADOR, Idjessi METSOKO, Abalo DENIS, Sebastian CLEMMENSEN, Yannis SANKOUTCHA, Henri STANIC, Aurel WAGBE, Augustin DRAKPÉ, Bruno AVOTOR, Pierre NADJOMBE.
Nonobstant, tous ces joueurs qui sont déjà en équipe A ne sont pas totalement aguerri. Je pense qu’il leur manquait 8-10 matchs de U23 avant de démarrer en équipe A.
Dans le cadre de ce projet, l’idée était vraiment de faire émerger une nouvelle génération pour renforcer l’équipe A, mais cela nécessitait de la continuité pour optimiser et maximiser le potentiel de tous ces jeunes.
Dans ma vision, l’objectif final était de pouvoir, en collaboration avec la DTN, décliner ce projet sur les U20 puis les U17.
Nous avons actuellement une quarantaine de jeunes (locaux et binationaux) qui ont entre 17 et 20 ans mais le manque de rassemblements ne nous permets pas de les voir pour les faire progresser ensemble, en conséquence nous perdons en crédibilité auprès d’eux et nous prenons de facto du retard sur les autres nations.
Pour les binationaux, si l’on ne fait pas attention ces mêmes jeunes dans 3-4 ans seront dans la même posture que les BRASSIER, ALIDOU, TRAORE. C’est-à-dire qu’ils n’auront pas forcément la fibre patriotique pour rejoindre l’équipe nationale, et étant déjà en équipe première en club ils ne verront pas le bénéfice de la sélection sur leur carrière.
En ce qui concerne les locaux, malheureusement c’est encore pire car beaucoup se perdront entre temps et on ne les retrouvera peut-être jamais au niveau professionnel.
Vous parliez précédemment de renforcer l’équipe. Justement on entend beaucoup de noms circuler. Où en est-on avec les binationaux ?
Serge Akakpo : En effet, sans compter les U23, il faut reconnaître que certains qui hésitaient ont déjà fait le pas comme Khaled NAREY, Frédéric ANANOU, Kennedy BOATENG et surtout le jeune Mansour OURO-TAGBA qui convoqué par l’équipe Espoirs des Etats-Unis au mois de Septembre 2024 l’on a réussi à convaincre de choisir le Togo après de longues discussions.
La majorité des autres noms qui circulent résulte des approches claires et des discussions qui ont eu lieu, durant les 03 dernières années. Malheureusement il pourrait avoir des quiproquos ou des incompréhensions au niveau de certains joueurs, sur le plan communicationnel. Ce n’est pas grave ! L’essentiel, c’est le résultat final !
Mais ont-ils été réellement approchés ?
Serge Akakpo : Bien évidemment que oui ! Je peux vous citer quelques noms avec certains détails :
Emmanuel EMEGHA : Je suis rentré en contact avec lui lorsqu’il évoluait encore à Sturm Graz. Suite à son transfert à Strasbourg je me suis rendu sur place pour le rencontrer le 09 août 2023.
Nous avons dîné ensemble et eu un long entretien sur l’équipe nationale et les différentes options qu’il avait, notamment le Nigeria et la Hollande. Il a envisagé venir au Togo, avec une invitation officielle, pour suivre le match contre Cap-Vert en septembre 2023. Malheureusement son agent a fait barrage et l’a convaincu de continuer avec la Hollande pour le moment.
Faride ALIDOU : après de longs mois d’échanges avec lui et ses proches, l’une des conditions du joueur était que l’on rencontre ses parents pour présenter notre projet. Le 13 février 2024 je me suis donc déplacé en Allemagne pour rencontrer le joueur et sa famille.
Nous avons dîné tous ensemble chez les parents. Suite à cela le joueur a donné son accord de nous rejoindre dès le mois de mars 2024 afin de préparer le mois de Juin. Mais à quelques jours du rassemblement il a fait un ‘’Conference call’’, ensemble avec le coach Duarte au cours duquel il nous faisait savoir qu’il préférerait accorder la priorité à son club qui jouait le maintien.
Lilian BRASSIER : Après 18 mois d’échanges téléphoniques une première rencontre a eu lieu le 08 février 2023 avec son frère qui est son manager en présence du Président de la FTF.
Ensuite je me suis personnellement rendu à Brest le 20 février 2023 pour rencontrer Lilian. Le joueur avait donné son accord puis nous avons coordonné son dépôt de passeport Togolais à notre ambassade à Paris. Il s’était déplacé depuis Brest en avion et tous ses frais lui avaient été remboursés par la FTF.
Malheureusement à quelques jours du rassemblement Lilian a posé des conditions particulières que nous ne pouvions pas honorer. Il a donc décliné sa convocation.
Marvin SENAYA : Depuis des années, le contact a été établi avec le joueur et ses proches mais ils ont demandé de lui laisser le temps de s’aguerrir en professionnel avant de rejoindre l’équipe nationale.
Lorenz ASSIGNON : même situation que Marvin Senaya.
Dikeni SALIFOU : Une rencontre a eu lieu avec le papa du joueur le 04 janvier 2022 à Munich. Le joueur a donné son accord total mais à plusieurs fois été forfait pour causes de blessures. Il est finalement venu lors des matchs amicaux du mois de Mars 2024 au Maroc. Malheureusement un problème administratif retarde sa participation aux matchs officiels.
Wisdom AMEY : Je me suis déplacé à Bologne le 22 février 2023 pour le rencontrer.
Il avait donné son accord notamment pour venir au tournoi de Toulon (finalement annulé). Malheureusement entre temps il a repris les sélections avec l’Italie.
Roggerio NYAKOSSI : Le contact est établi avec le joueur depuis 3 ans, les échanges se poursuivent de façon régulière.
Omar TRAORÉ : le joueur a donné son accord de principe depuis octobre 2023, sous réserve de lui laisser du temps pour s’établir en Bundesliga. Sa nationalité togolaise est déjà prête, il ne lui reste plus qu’à faire le dépôt de son passeport togolais.
Outre ces noms, je me permets de vous en citer encore d’autres comme : Henri KOUDOSSOU, Bradley BARCOLA, Kani SILVA, Yannis LAWSON, Eliezer MAYENDA, Farouck ADEKAMI, Jordan AGBLEMAGNON.
Bien évidemment qu’il y a le projet sportif, le modèle économique et la dimension humaine. Mais clairement notre plus grand handicap est lié à l’attractivité. Nos manques de résultats sur les dernières années est source de démotivation et ne favorise pas forcément la prise de décision effective de tous ces joueurs.
Face aux échecs répétés des Éperviers, comment contenir la déception du public ?
Serge Akakpo : Tout d’abord je comprends parfaitement cette déception, elle est totalement légitime. Pour la majorité qui a connu les meilleurs moments de notre équipe nationale j’imagine à quel point ça doit être difficile à encaisser.
J’en suis énormément peiné mais comme on dit, l’impossible n’est pas divin ! je crois fermement qu’avec la nouvelle génération, associée à nos cadres, de jours meilleurs viendront pour notre équipe nationale. Beaucoup de grandes nations sont passées par là.
Vous savez, les premiers touchés sont les joueurs, je peux vous l’assurer. L’aspect psychologique joue un rôle énorme. Nous allons devoir faire un travail mental pour qu’ils puissent transformer cette peine en force.
C’est vraiment dur, même à titre personnel que ce soit mentalement ou physiquement c’est épuisant mais moi j’y crois, nous sommes en mission pour le pays, je trouverai à mon niveau toutes les ressources. Je ne lâcherai rien tant que cette mission ne sera pas accomplie. Mais je reste persuadé que c’est ensemble en communion que nous y arriverons, personne ne le fera à notre place.
Néanmoins, je voudrais exhorter tous les acteurs y compris les observateurs et les journalistes à faire les jugements avec modestie. Il serait judicieux de jouer un rôle d’accompagnement, d’encouragement, de traiter l’information sous un autre angle que de faire des critiques ou de mobilisation incitative.
Ce n’est que mon ressenti mais parfois j’ai l’impression que l’on suscite trop d’attente autour de nos équipes et au final le public, les fans sont déçus. C’est bien d’espérer et de croire en son équipe mais parfois, la barre d’attente est trop haute et ne reflète pas toujours la réalité de l’équipe.
Après cette élimination, quel avenir voyez-vous pour l’équipe ?
Serge Akakpo : Pour l’équipe, l’objectif est d’abord de retrouver de la sérénité parce qu’il y a de la qualité dans cet effectif. Ensuite il faut rapidement switcher et basculer sur les prochaines échéances, notamment les éliminatoires de la CDM 2026.
Nous allons jouer les 5e et 6e journées, sur une campagne à 10 journées nous pouvons estimer que nous serons dans les journées charnières et nous sommes déjà dans l’urgence en termes de points.
Dans l’urgence mais il faudra répondre dans le présent. C’est-à-dire qu’il ne faut pas jouer les matchs dans sa tête avant le jour J et il ne faudra pas avoir de regrets après les matchs.
Notre premier match sera vs la Mauritanie à Lomé, le seul adversaire du groupe que nous n’avons pas encore joué. Ils sont moins bien classés que nous donc ils voudront forcément se relancer. Leur position au classement ne reflète pas le niveau réel de leur équipe, il faudra donc être vigilant et faire preuve de pragmatisme.
Puis notre second match sera au Sénégal, une rencontre de prestige. Disons que notre état d’esprit au premier match conditionnera le second.
L’autre aspect c’est que notre effectif grossit de plus en plus, des joueurs qui n’étaient pas compétitifs en première partie de saison le deviennent. C’est le cas de Loïc BESSILE et Steven MENSAH.
D’autres émergent par la grande porte comme le jeune international U23 Idjessi METSOKO qui a participé à la phase de groupe de la C1 UEFA avec son club.
Il va falloir composer avec tout cela pour sortir le meilleur groupe possible. L’essentiel c’est que nos joueurs soient performants en club et engrangent du temps de jeu pour être compétitifs lors des prochaines journées FIFA.
Mais plus globalement, pour le Togo, l’objectif est d’abord de se reconstruire de l’intérieur. Une reconstruction qui passera par un renforcement de notre politique de formation pour créer un vivier de talents sur le long terme.
Nous devons renforcer nos structures, moderniser nos académies, et améliorer nos méthodes d’entraînement pour donner aux jeunes joueurs de meilleures chances de réussir au plus haut niveau. Cela passera également par une réorganisation de nos infrastructures.
Ensuite, il est nécessaire de nous concentrer sur la formation des entraîneurs et d’insister sur l’importance de l’intelligence tactique et stratégique dans le développement des joueurs.
Enfin, pour avoir un impact immédiat, il faut aussi capitaliser sur les joueurs locaux de qualité et les intégrer avec les binationaux et les joueurs évoluant à l’étranger.
Cette CAN 2025 aurait pu être une dernière compétition pour certains joueurs. Comment gérez-vous cette transition ?
Serge Akakpo : Merci pour cette belle et pertinente question. Disons que nous avons deux options : soit vous vous dites que vous avez tiré le maximum de cette génération et qu’il est temps de préparer la nouvelle, soit vous vous dites que le meilleur reste à obtenir ou à gagner.
L’évidence est que la majorité des joueurs ne pourra pas dignement prendre part à une phase finale en cas de qualification aux prochains grands tournois.
Le défi sera de préparer les joueurs qui seront aptes à participer le cas échéant tout en se reposant sur des joueurs expérimentés.
En collaboration avec le sélectionneur ainsi que le reste du staff technique, il faudra évaluer la structure du groupe et déterminer la bonne politique sportive pour mettre en place le projet adéquat.
Déjà pour vous donner une idée chronologique, en cas de qualifications aux 2 prochaines échéances que sont la CDM 2026 et la CAN 2027, la première se jouera en Juin 2026 et la seconde probablement en Juin 2027.
Vous avez d’une part 8-9 joueurs qui sont plus ou moins dans le dernier tiers de leur carrière et de l’autre une nouvelle vague de jeunes joueurs qui ont entre 20 et 26 ans.
L’objectif sera de permettre une transition harmonieuse tout en ayant le bon fil conducteur qui permettra de mixer les 2 générations pour une meilleure performance et progression de l’équipe.
Comment analysez-vous la qualification des autres équipes de la sous-région ?
Serge Akakpo : Les équipes de la sous-région ont montré qu’elles sont de plus en plus compétitives. Le Bénin, le Niger malgré la non qualification, et même des nations comme le Burkina-Faso et la Côte d’Ivoire, qui ont connu des périodes difficiles, font aujourd’hui preuve d’une grande cohésion et de qualités de jeu impressionnantes.
La sous-région ouest-africaine est en pleine évolution, et il est crucial pour nous de comprendre que la concurrence sera encore plus rude pour les qualifications futures. Ce qui nous fait défaut, c’est un projet cohérent et une stabilité technique à long terme.
Le Togo, par exemple, doit s’appuyer sur la rigueur et la discipline pour rivaliser avec ces nations et dépasser son statut d’équipe intermittente tout en tenant compte de sa propre réalité.
Quel regard portez-vous sur la gestion des infrastructures au Togo ?
Serge Akakpo : Le problème des infrastructures est une réalité qui ne peut plus être ignorée. Nous pouvons déjà observer du positif sur cet aspect de la part de nos autorités à travers le Ministère des Sports et des Loisirs qui multiplie les réalisations dans plusieurs disciplines, ainsi que la FTF avec de gros projets en cours, je dis bravo ! Il est impératif que les investissements s’intensifient dans le secteur du sport pour créer un environnement propice à la performance.
Le Togo doit investir massivement dans ses équipements sportifs. Pour que nos joueurs puissent performer à l’international, il faut qu’ils aient les meilleurs outils à leur disposition. Cela passe par des stades de qualité, des terrains d’entraînement en bon état, des hôtels adaptés, etc.
Nous avons des talents bruts au Togo, mais sans infrastructures adéquates pour les accompagner dans leur développement, nous risquons de passer à côté de beaucoup de choses.

Pensez-vous qu’il y ait eu des erreurs de gestion au sein de la Fédération Togolaise de Football ?
Serge Akakpo : Je ne dirais pas qu’il y a eu des erreurs de gestion, mais plutôt des manques de communication à certains moments clés. L’amélioration est possible, et je crois que la direction actuelle fait ce qu’elle peut, mais il reste des choses à perfectionner.
Nous devons renforcer l’implication des acteurs locaux du football, créer davantage de synergies avec les clubs et développer des projets à long terme qui ne se limitent pas aux résultats immédiats.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux supporters togolais ?
Serge Akakpo : Je voudrais d’abord leur dire merci pour leur soutien constant, même dans les moments difficiles. Mais au-delà de cela, je leur demande de croire en cette équipe nationale car nous avons des talents en devenir.
Les temps changent, et nous devons nous adapter pour obtenir les résultats que nous méritons. Il ne faut jamais perdre espoir. C’est ensemble, avec de l’ardeur et du travail, que nous parviendrons à revenir au sommet du football africain.
J’en profite pour passer un message aux joueurs : On peut ne pas gagner tous les matchs, mais on peut gagner le cœur des gens.
Source : FTF-Fédération Togolaise de Football