[ÉDITORIAL] Le signal d’alerte d’une jeunesse à bout
Le signal d'alerte d'une jeunesse à bout
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Le 6 juin 2025 restera dans la mémoire collective togolaise comme un sursaut d’espérance et de dignité. En ce jour anniversaire des 59 ans de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis la mort de son père en 2005, le peuple est sorti dans les rues de Lomé et à l’intérieur du pays. Pas derrière une bannière partisane, ni encadré par les figures classiques de l’opposition. Cette fois, c’est le cri brut et authentique d’une jeunesse connectée, éveillée, qui a jailli des profondeurs sociales.
L’appel est parti de TikTok, devenu l’étincelle d’une mobilisation spontanée, pacifique, mais ô combien symbolique. Et fait inédit : sur les réseaux sociaux, des voix que l’on croyait apolitiques, muselées par la peur ou engourdies par l’indifférence, se sont élevées pour soutenir la manifestation. Des artistes, des influenceurs, des anonymes : tous ont brisé le silence.
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Face à la vie chère, à l’annonce de l’augmentation du prix de l’électricité dans un pays déjà accablé par l’injustice sociale, les Togolais ont dit non. Et même sous les pluies de gaz lacrymogènes, sous les menaces, les intimidations, les arrestations, ils ont tenu bon. Leur simple présence dans les rues, sans armes, sans violence, est déjà une victoire. Une victoire morale, civique, historique. Car ils ont brisé le mur de la peur. Ils ont crié quand on voulait les faire taire. Ils se sont levés quand on les pensait résignés. Ils n’appellent pas à la révolte, mais à la dignité.
Et cette vérité-là, le pouvoir doit l’entendre : plus rien ne sera comme avant.
Le régime peut bien continuer à se barricader derrière sa nouvelle Constitution taillée sur mesure, où l’élection du président au suffrage universel est abolie et les pouvoirs concentrés entre les mains d’un président du conseil dans une République devenue monarchie de fait. Il peut maintenir le silence sur l’absence d’un gouvernement, faire taire les voix discordantes, orchestrer la confusion institutionnelle avec sa double prestation de serment. Mais il ne pourra jamais effacer ce que les Togolais ont gravé dans l’histoire ce 6 juin : la volonté de vivre debout.
La jeunesse togolaise a montré qu’elle n’est ni fatiguée ni vaincue. Elle est en marche. Et à ceux qui, parmi les intellectuels ou les privilégiés du système, choisissent encore le confort du silence complice, il est temps de comprendre que l’histoire est en train de s’écrire, et qu’elle ne sera pas indulgente avec ceux qui auront tourné le dos à la vérité.
Tenter d’interpréter cette mobilisation comme une tentative d’insurrection démontre une déconnexion profonde avec les réalités du peuple. Se barricader derrière des arguments éculés pour justifier une répression aveugle, menacer et intimider à travers des communiqués, est la preuve que le régime actuel n’a plus rien à offrir aux Togolais.
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Le peuple ne demande pas la chute d’un homme, mais la fin d’un système qui l’opprime. Ignorer cette réalité, c’est s’exposer à une rupture définitive entre gouvernants et gouvernés. Le Togo mérite une gouvernance à l’écoute de ses citoyens, non une monarchie déguisée en république.
Le peuple togolais est un peuple digne et fier. Il ne réclame pas le pouvoir, mais le pain et le respect de sa dignité. C’est ce peuple qui s’est levé ce 6 juin. Et ce réveil-là, nul pouvoir ne pourra l’endormir.
Par Ambroise Dagnon